Interview avec Sidonie Latere, fondatrice de l’accélérateur congolais de start-ups ‘Kobo Hub’

24 Dec, 2019

Interview avec Sidonie Latere, fondatrice de l’accélérateur congolais de start-ups ‘Kobo Hub’

Kobo Hub, lancée en mai 2018 par Sidonie Latere, est une plateforme 100% congolaise dédiée à l’accélération de start-ups et de jeunes entreprises en République Démocratique du Congo.

Leur mission est d’accélérer l’émergence et la réussite d’entrepreneurs locaux développant des projets qui répondent à des besoins locaux et valorisent les compétences locales. Ces projets peuvent porter sur trois secteurs d’activité :

  • KOBO ART : projets visant la création d’une œuvre artistique de tout genre (art graphique, design, production filmographique, musique, peinture et sculpture, édition, artisanat, mode…).
  • KOBO DIGITAL : projets développant une solution numérique innovante et visant à résoudre un problème concret local.
  • KOBO BUSINESS : projets innovants dans une filière industrielle.

Outre sa participation à la formation et au mentorat de startups, Kobo Hub accompagne les porteurs de projets en mettant à leur disposition un réseau d’experts pluridisciplinaires, un accès aux compétences, aux ressources et aux infrastructures indispensables au succès et à la croissance de leurs projets.

Où êtes-vous née et où avez-vous grandi ? Quelles études avez-vous prises ?

Je suis née et j'ai grandi à Kinshasa jusqu'à mon adolescence. Puis je suis allée vivre en Belgique avec ma famille. J'ai fait des études en Publicité et Arts visuels.

Qu'est-ce qui vous a incité ou persuadé de commencer dans le monde du mentorat et l'entrepreneuriat ?

En 2013 j'ai été débauchée par une agence de communication pour travailler à Kinshasa. C'était une nouvelle et superbe aventure pour moi. J'ai décidé de tout laisser et de retourner au Congo. Après une année dans cette agence, j'ai décidé de lancer ma propre boîte de pub. Et c'est là que l'aventure dans l'entreprenariat a commencé.

J'ai lancé ensuite d'autres projets qui ont eu mal à réussir et je me suis rendue compte qu'au Congo, il y'a beaucoup de talent mais pas d'environnement ni de cadre qui permettent aux jeunes talents de se développer. J'ai réussi mon pari, celui de lancer mes projets, mais difficilement. Suite à ce constat, j'ai décidé de créer pour les autres un univers et un cadre dans lequel j'aurais aimé évoluer lorsque je me suis lancée dans l'entreprenariat. Et voilà comment est née Kobo Hub !

Kobo veut dire ‘noir, africain’. C'est donc le Hub qui révèle les africains talentueux.

Parlez-nous de votre travail avec Kobo Hub

Nous sommes un accélérateur de start-ups. Nous aidons les entrepreneurs à maximiser leur potentiel en renforçant leur capacité. Notre accompagnement s'étend de 6 à 8 mois. Pendant cette période, nos équipes occupent les postes stratégiques de la start-up pour les aider à se structurer et surtout à fonctionner comme une vraie entreprise. Le but de l'accélération est que la start-up commence à faire du chiffre et voir même augmenter son chiffre d'affaire.

Et la fin de la période d'accélération se termine avec une levée de fonds pour la start-up.

Notre business model est celui de prendre des parts dans la start-up que nous accompagnons mais nous restons minoritaires.

Que pouvez-vous nous dire au sujet de ZALAYO ?

ZALAYO, la première marque de chaussures ‘made in DRC’. Il s’agit d’une jeune start-up kinoise lancée en octobre 2018 et qui a pour ambition de se positionner comme la première marque congolaise de chaussures. Nous avons réalisé une campagne de crowdfunding l'année passée pour SAPATU (rebaptisée ZALAYO) et nous avons récolté via la plateforme KickStarter plus de 8 600 $ et en cash 2 500 $ ! 

ZALAYO réunit plusieurs collectifs de bottiers congolais. La mission de ZALAYO est de fournir un environnement de travail sécurisé aux artisans-bottiers et de leur garantir un revenu décent et durable. Les chaussures produites par ZALAYO s’adressent à un large public (femme et homme) et offre une qualité supérieure à un prix abordable.

ZALAYO a un volet social car nous avons pour objectif de former des jeunes des milieux défavorisés au métier d'artisan-bottier ainsi que les personnes avec handicap. Après leur formation, ils travailleront pour les usines ZALAYO que nous souhaitons multiplier dans les grandes villes du pays.

Quelle est votre ultime ambition ?

On désire positionner ZALAYO comme étant non seulement une marque africaine (congolaise) mais aussi comme étant la marque des sapeurs !

Notre rêve ultime serait de faire de grands fashion weeks et de chausser des stars afro et africaines.

Et enfin ouvrir plusieurs unités de production dans plusieurs villes du pays.

Pensez-vous qu'il existe un avenir pour la mode en Afrique ?

Evidemment, déjà le Congo est le pays de sape ! Les congolais adorent s’habiller ! La culture africaine et afro est actuellement tendance. C'est le moment pour les designers africains de briller aux yeux du monde car les premiers clients seront africains et le continent africain représente une grande et belle population.

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